Rodrigo, responsable pédagogique sur le campus Ipac Bachelor Factory de Paris Ouest, coordonne, depuis le début de la crise sanitaire, la Cellule Ressources et Anticipation de la Croix-Rouge française. Il nous livre aujourd'hui son témoignage :
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Rodrigo, au-delà de vos missions pédagogiques pour Ipac Bachelor Factory, vous avez une autre vie ?
Je coordonne actuellement différents services de crise d’associations, notamment la cellule de crise de la Croix-Rouge française à Paris. Cette cellule coordonne les ressources de la Croix-Rouge parisienne en lien avec le SAMU, le SAMU social, l’APHP ou encore le Ministère de la Santé.
Concrètement, je gère une cellule de crise de 47 personnes qui s’occupe des ressources et de l’anticipation opérationnelle, de la communication, du développement des ressources, de la logistique… afin de répondre au mieux aux besoins du terrain. Toutes ces actions sont rendues possibles grâce au soutien de gros bailleurs institutionnels comme Carrefour, Auchan, Procter&Gamble, Reckitt, Frichti, Europcar, Renault…
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Vous avez des exemples concrets ?
J’ai notamment travaillé sur l’opération des 6 TGV médicalisés qui transportaient des malades en réanimation vers la Bretagne et Bordeaux : les trains étaient entièrement rééquipés de respirateurs, pousse-seringues… exactement comme en service réanimation hospitalier. 300 patients intubés et ventilés ont été évacués : c’était très impressionnant de voir sur un même dispositif 40 ambulances du SAMU, de la Croix-Rouge française et d’autres associations de sécurité civile, toutes en soutien aux équipes médicales, dès 4 heures du matin.
Le nerf de la guerre, c’est cette cellule Ressources et Anticipation. On coordonne, on développe des solutions sans cesse comme par exemple ce matin où il a fallu réfléchir à équiper un hôtel pour qu’il puisse accueillir des personnes COVID+ qui auraient besoin de se confiner.
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Quelles perspectives, votre vision de l’avenir ?
Notre préoccupation actuelle, c’est l’isolement des seniors qui ne se soignent plus. Les statistiques des interventions du SAMU ou des Pompiers sont nettement en baisse par rapport au début de la crise, elles ressemblent au creux annuel d’août. La crise est de plus en plus une crise sociale.
J’ai travaillé 7j/7, 16h à 18h par jour. Aujourd’hui, les journées sont sur des horaires plus normaux, environ 8h par jour : cela s’explique car nous sommes maintenant en phase de plateau de la crise sanitaire, le pic est passé.
Ce qui est compliqué, c’est le manque d’historique et de repères pour cette crise : nous n’avons aucun exemple, aucun élément de comparaison sur lequel nous baser pour travailler sur l’organisation d’une telle crise, sur la projection des besoins et ressources. L’organisation se met en place..
La prochaine étape dans l’avenir, c’est le déconfinement très progressif de mi-mai, pour ne pas saturer les services de santé, ni avoir à se re-confiner.